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FACULTÉ DE MÉDECINE D'ORAN CENTRE HOSPITALO-UNIVERSITAIRE  SERVICE DE MÉDECINE LÉGALE

La médecine

9 Juin 2013 , Rédigé par Garamije Gamarije Publié dans #éthique et deontologie

Nul ne peut contester qu’une évaluation critique des potentialités médicales de notre pays puisse être formulée sans se référer au préalable à la situation sanitaire héritée au lendemain de l’indépendance.
Après une longue colonisation et au terme d’une guerre libératrice particulièrement mutilante, l’Algérie recouvrerait dans des conditions économiques et sociales difficiles sa souveraineté. Des besoins immenses s’exprimaient dans tous les domaines et singulièrement dans celui de la santé. Le gouvernement au pouvoir s’est trouvait confronté à une infrastructure inadaptée aux besoins réels, insuffisante par rapport à la population, souvent en mauvais état, sous équipée et caractérisée par une implantation déséquilibrée au profit des seules villes du nord.
Le corps médical national, bien que très restreint en nombre, assura la charge du destin de la médecine algérienne et contribua à la concrétisation des moyens nécessaires et à la réalisation du plan national de développement sanitaire.
Grâce aux efforts consentis et à la foi qui a animé les quelques médecins algériens enseignants, l’ancienne et unique faculté mixte de médecine et de pharmacie de l’université d’Alger, laissait place aux facultés de médecine d’Alger, d’Oran et de Constantine.
La réforme des études médicales, mise opportunément en œuvre, devait impulser d’une façon déterminante la formation médicale et permettre au pays de s’assurer les moyens des généreuses ambitions qu’il s’était fixé.
Parallèlement, le droit aux soins, la médecine gratuite, les plans successifs d’investissement devait, par un quadrillage systématique projeter une infrastructure sanitaire sectorisée (CHU, hôpitaux de Wilaya, de Daïra, unité rattachées….).
Étape capitale où les moyens aptes à dominer l’aspect quantitatif de la demande de santé ont été dégagés et mis en action. Les résultats obtenus de ce point de vue sont remarquables et notre pays peut légitimement soutenir d’avoir, en moins de cinq décennies, jeté les bases matérielles de la formation médicale et des soins.
Mais la solution médicale est plus complexe et ne peut être réduite à des données physiques de structures ou de densité médicale. Des exigences particulières sont requises dans ce domaine car il s’agit ici de l’essentiel. Il s’agit de la vie et de la mort, du sens de la valeur de notre existence, de la protection de nos droits, voire de notre liberté.
Au médecin, l’acte médical renvoie aux données du fondement éthique du respect de l’intimité de la personne et de l’intégrité du corps d’autrui. C’est parce que l’activité médicale dépasse les limites de la pathologie proprement dite et qu’elle s’intéresse à l’Homme dans sa totalité que des impératifs de moralité s’attachent d’une façon indissoluble à la qualité de médecin, car il serait vain d’imaginer que des règles juridiques ou des principes politiques puissent subsister quand l’éthique s’efface là ou la vie et l’intimité de l’Homme sont en cause ou à l’épreuve.
A l’échelle de la société, l’acte médical est inséparable du groupe social dans lequel il s’accomplit. Quelque soit son mode d’exercice, le médecin dépend d’un réseau de lois, de règles, de coutumes et de valeurs. En tant qu’agent social, ses connaissances et ses activités doivent s’intégrer dans une politique globale sanitaire, démographique, économique qu’il ne peut ignorer.
Au citoyen –malade en puissance- l’acte médical renvoie à la paisible assurance de pouvoir se confier, une fois son corps habité par la souffrance ou la maladie, à une médecin responsable, consciencieux et honnête, doté de connaissances scientifiques suffisantes et de moyens techniques efficaces, à un médecin disponible pour l’examiner, le soulager, le soigner et peut être le guérir.
L’acte médical est politiquement une composante de base de la sécurité publique et un support à l’expression du droit, économiquement un moyen de conservation de la force de travail et un poste non négligeable de dépenses publiques, socialement l’aspect le plus évident de la cohésion et de la solidarité.
Ces données essentielles dominent toute la médecine et ce sont elles qui confèrent aux professions médicales qu’elles responsabilisent au plus haut degré, leur caractère particulier mais socialement nécessaire.
Cet aspect a été pressenti par le pouvoir politique et a inspiré le législateur. Les options exprimées dans la charte nationale, les principes énoncés dans la constitution et les dispositions législatives en constituent la matérialisation.
C’est ainsi que parallèlement aux efforts de structure et de formation, les idéaux poursuivis par la médecine, les exigences éthiques, déontologiques et juridiques de son exercice ou encore tout ce qui qualitativement investit l’acte médical et tend à induire une conscience médicale national, disposent d’un cadre moral et légal d’épanouissement.
Mais il est certain qu’une pratique médicale attentive aux principes posés suppose que la volonté du législateur trouve son prolongement dans la détermination des instances de contrôle ; plus que la loi c’est la certitude de son application qui importe. Or, pour des raisons historiquement liées, la médecine s’est exercée pratiquement en dehors de toute contrainte et a échappé à tout contrôle de qualité.
Plusieurs causes sont à l’origine de cet état de fait. D’abord parce que l’instance nationale représentative des professions médicales n’a pas pu –malgré les dispositions légales-sensibiliser le ministère de tutelle à l’urgence de procéder à la mise en fonction effective d’un conseil national d’éthique médicale avec ses attributions et ses prérogatives.
Ensuite parce que l’importance numérique et bien plus la diversité d’origine des médecins coopérants de formation et d’idéologie différente, voir opposées, exerçant à titre temporaire dans un pays qui n’est pas le leur, n’était pas propice dans de telle conditions psychologiques et de dépendance technique, à induire une conscience médicale collective, pas plus qu’elle ne permettait un contrôle rigoureux des prestations médicales par un conseil de déontologie.
Enfin on peut avancer l’argument selon lequel l’institution judiciaire, dans les rares différents médicaux qu’elle a eu à connaitre a souvent répugné, en vertu de son pouvoir d’opportunité, à poursuivre pénalement des médecins reprochés. La protection du prestige médicale, à un moment ou le nombre de médecin disponible arrivait difficilement à couvrir les demandes pressantes de soins, a paru être nécessaire. Cette clémence calculée, a dangereusement développé dans la profession un sentiment néfaste d’immunité dont les malades semblent subir les effets avec fatalité sinon avec résignation.
Mais les données ne sont plus les mêmes de nos jours : les promotions de professeurs en médecine, de docents, de maitres-assistants, de médecins spécialistes de santé publique et d’étudiants en médecine issues de différentes facultés de médecine font florilège.
Parallèlement la recherche en sciences médicales est nait et commence à s’affirmer ainsi le corps médical affirme enfin sa personnalité et sa fonction sociale. Il est plus attentif aux aspects rationnels de l’acte médical, à la charge émotionnelle qu’il véhicule et aux problèmes humains qu’il sous entend.

Feu Professeur Hannouz Mouloud Mourad

La médecine
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